Sylvie Chausse

Mon travail d'auteur, rencontres, et parutions

posté le 06-06-2021 à 16:09:51

cheval de bataille (l'expo)

 

Carole Fromenty est actuellement exposée à Tournus.

 

Voici l’installation de ces fameux « Chevaux de bataille », avec mon texte en premier plan.

 


 
 
posté le 22-05-2021 à 18:16:26

C'était un jour...

 

 

 

 

C'était un jour ensoleillé...

 

Pour Mademoiselle C., pas question de mettre le pied dehors par ce beau temps sans prendre le risque de gâter son teint de lait.

Alors, moitié par désœuvrement, moitié par esprit scientifique, elle avait mis à bouillir des trucs dans son chaudron, celui dans lequel elle mettait volontiers ses projets à mijoter.

 

C’était un jour expérimental…

 

Elle y avait mis :

v Quantité de vieilles dentelles. En effet, son antre en était envahie depuis qu’elle avait trouvé un sort qui améliorait les toiles d’araignées,

v De vieilles cartes postales, des photos de vacances, des modèles de couture et des sachets pour les graines. Ça débarrasserait toujours,

v Des ingrédients urticants et gélatineux destinés à faire mousser le tout,

v Et, au dernier moment, une bobine de fil rouge.

 

C’était un jour de grands rangements…

 

Dans le chaudron, cela bouillonnait avec des soupirs, des odeurs tantôt acides, tantôt âcres et une fumée blanche de bon aloi.

Mademoiselle C. observait tout ça en se balançant dans son rocking-chair et touillait de temps en fredonnant des formules qu’on ne répètera pas car elles sont sous la protection du copyright.

 

C’était un jour vraiment créatif…

 

Enfin, lorsque la préparation eut tiédi, louche après louche, elle étala, avec son rouleau à pâtisserie, la pâte ainsi formée sur sa table.

Le résultat la déconcerta un peu : c’était mignon, c’était brodé de fil rouge, cela formait des images sur lesquelles on voyait des bulles de dentelle jouer les ludions. Il y avait des enfants aux joues pleines, de belles filles, des hommes jeunes et sérieux.

 

C’était un jour un peu trop sage…

 

Mais, en regardant de plus près, Mademoiselle C. se rendit compte que le petit Prince était étranglé par son écharpe, soudain mue d’une volonté maléfique. Elle voyait maintenant de drôles de gens qui faisaient de drôles de choses : des langues de feu leur sortaient de la bouche, leurs yeux étaient ronds comme des cibles de tir, des cornes de diable poussaient au front de ce fiancé, la main de l’enfant se transformait en pince de crabe et son visage se couvrait d’une épaisse couche cornée, comme s’il émergeait de profondeurs abyssales. D’un chou était né un enfant qui n’était le chouchou de personne.

Il y avait des agneaux qui n’en étaient pas et des bêtes dont le souffle brûlait.

Alors, Mademoiselle C., satisfaite, s’installa dans son rocking-chair, pour siroter un martini-gin…

 

C’était un jour vraiment bien rempli…

 

J’ai fait ce texte pour accompagner une série de tableaux de mon amie Carole Fromenty, série dont j’adore la beauté un peu naïve avec, presque toujours une touche un peu inquiétante.   

carolefromenty.com 

 

 


 
 
posté le 21-05-2021 à 12:23:18

Mes limites

Merci pour vos encouragements…

Il m’en faudrait aussi pour mes dons d’informaticienne : j’ai voulu mettre en ligne les toiles de Carole Fromenty pour lesquelles j’ai fait des textes, mais j’en ai été incapable…

Pauvre de moi…

 


Commentaires

 

1. sciences  le 21-05-2021 à 13:16:14  (site)


édité le 21-05-2021 à 13:17:14

2. sciences  le 21-05-2021 à 13:27:49  (site)

Voir mon blog pour la photo "Cheval de bataille"

 
 
 
posté le 19-05-2021 à 10:40:57

Cheval de bataille

 

 

 

 

L’homme venait de prendre les rênes d’une main ferme et il guidait le cheval vers la porte de l’écurie. Alors la peur, qui s’était tenue tranquille dans la pénombre de l’écurie et l’odeur du foin, s’éveillait, toujours aussi vivace. Le cheval renâclait, s’énervait, voulait reculer, reculer pour s’éloigner de la folie de la guerre. L’homme essayait de le calmer, lui caressait l’encolure, lui parlait doucement, mais le cheval se souvenait d’hommes qui savaient parler doucement avant l’effort, avant de le guider vers l’enfer, où tout s’entrechoquait : le bruit des balles, le fracas des obus, le gaz et la fumée mêlée de terre pulvérisée, cette terre morte à tout jamais, même un cheval le comprenait.

 

 

L’homme continuait de parler, et le cheval se serait volontiers laissé envelopper par sa voix…  Certes,  depuis qu’il était avec cet homme-là, le vacarme avait cessé, mais l’enfer existait toujours, comment aurait-il pu en être autrement ? Quelles nouvelles armes, quelles nouvelles blessures, quelles nouvelles terreurs allaient succéder à cette accalmie ? Soudain, au loin, le chant d’un coucou rompit le silence et le grand cheval sombre agita les oreilles, sentit son échine parcourue d’un frisson. Il y avait si longtemps… Un souvenir lointain et flou lui revint, celui de la fraîcheur de mars et de la charrue traînée pour les derniers labours, le maître le guidant des rênes et de la voix.

 

Le souvenir se précisait : le bruit du vent dans les branches, les feuilles mortes qui crissaient sous ses puissants sabots, les chants des oiseaux qui disaient les saisons qui se succédaient. Les saisons s’étaient arrêtées lorsque ces inconnus étaient venus le chercher. Il fallait des chevaux, toujours plus de chevaux, pour servir la folie des hommes… A marche forcée, on les avait poussés, eux, des bêtes habituées à la charrue, aux les champs, aux vignes et aux forêts, vers la guerre. On leur avait fait tirer des pièces d’artillerie toujours plus lourdes, sans arrêt, sans sommeil et presque sans nourriture, parfois sous les coups. Beaucoup tombaient et ne se relevaient pas.

 

Parmi eux, ceux qui avaient toujours servi l’armée auraient dû supporter le bruit des armes, sauf qu’à la guerre, le vacarme dépassait tout… Les hommes eux-mêmes changeaient, voûtés, amaigris, leurs visages recouverts de masques qui leur faisaient des yeux aussi larges et aussi creux que les naseaux des bêtes.

 

L’homme le tenait par le licol et le menait doucement près du fleuve, il le faisait entrer dans l’eau, et le cheval fit un mouvement pour s’échapper, mais ce mouvement raviva les blessures qu’il avait eues pendant les batailles. Alors, doucement, tout doucement, il n’eut plus de volonté et suivit la volonté de l’homme ; il commença à marcher dans l’eau du fleuve. Et, peu à peu, le mouvement de ses sabots s’enfonçant dans le fond légèrement vaseux, le clapotis de l’eau sur ses pattes, les gouttes fraîches qui giclaient sur son ventre, cela l’occupa, et la peur reflua.

 

J’ai fait ce texte pour accompagner ce tableau de mon amie Carole Fromenty, en hommage aux chevaux que la guerre de 14 avait rendu fous. Il s’agit d’une toile sur laquelle elle a brodé avec du crin de cheval !

carolefromenty.com 

 


 
 
posté le 18-05-2021 à 11:26:30

Morosité et frustration

J’ai, jusqu’ici tout du moins,  traversé cette pandémie en veinarde : pas de décès dans mon entourage proche, ni de personnes très malades, pas de risques financiers, pas de gosses, pas de conjoint à gérer et un cadre plutôt agréable (maison avec jardin, il y a pire comme prison)…

Pour moi, dans mon petit égoïsme, le premier confinement a été un bonheur, l’occasion de mener une existence épurée, sans activités parasites : je pouvais passer mes journées à écrire ! Quelle chance pour la pièce de théâtre que j’avais commencée !  Passer des heures et des heures à faire et refaire le même acte, la même scène, la même réplique, quel luxe ! Hélas, plus tard, je me suis rendu compte que le résultat laissait à désirer. Je m’y remettrai un jour. Je laisse reposer.

Et puis, il y a eu le deuxième, le troisième confinement, moins stricts, certes mais perdus dans un flou désagréable. Attestations, couvre-feu, commerces prioritaires, tous les autres ayant baissé le rideau de fer, les restaus et les cafés fermés, plus de terrasses… et toujours cet horrible masque… il ne manquait plus que les tickets de rationnement. Je me suis noyée dans une morosité opaque.

J’ai écrit, bien sûr, j’ai commencé deux romans, un livre de souvenirs, plusieurs contes et des textes poétiques  pour ma complice Capucine, mais, chaque fois, après un moment d’enthousiasme, tout est retombé. Je laisse reposer, que je m’y remettrai un jour, enfin si j’y arrive…

Les balises que sont dans ma vie les sorties au théâtre, les week-ends culturels dans telle ou telle ville, les animations dans les écoles et les ateliers d’écriture où je me frotte à l’imagination des autres, tout cela me manque. Je suis déboussolée et je vais dans tous les sens…

Je le sais maintenant : la frustration engendrée par des occupations – souvent stériles – du quotidien est positive, Elle retient la créativité pour la faire mieux jaillir.  Dès qu’on revient à la normale, je reprends tout ce que j’ai laissé reposer, et je m’y remets. A fond.

 


Commentaires

 

1. maxie  le 18-05-2021 à 12:04:10  (site)

Alors bon courage pour la suite .. le succès n'est pas loin !
Bonne journée

2. Marioromans  le 18-05-2021 à 18:04:27  (site)

Vous n'êtes pas la seule. Il y en a des millions. Pour ma part, je ne sais pas ce que c'est, car chez moi, il n'y a pas de journaux, de radio et surtout pas de télévision, qui est le dépotoir de l'intelligence humaine. Je n'ai jamais vécu dans la peur médiatisée, mais dans le bonheur des joies que me procurent la création littéraire, la musique et mon chat.
Bref, je ne me suis jamais privé de sortir et n'ai jamais porté de masque. Quand ce dernier objet est devenu obligatoire dans les lieux fermés, je me suis débrouillé (Commandes téléphoniques pour l'épicerie, aide de ma soeur et de ma voisine pour des petites courses, etc)
Les médias ne sont que le véhicule des malheurs et de la peur, ce qui est excellent pour la vente de masques, flanqué de mensonges. Ex : si l'on affirme qu'il y a eu 2 morts dans telle ville, on ne vendra pas de masques. Par contre, si l'on dit qu'il y en a eu 33, c'est meilleur pour ce commerce.
Depuis mars 2020, j'ai complété un roman, créé un second et j'achève le troisième, mais mon éditeur a été obligé de fermer temporairement ses portes et le roman prévu pour 2020 n'a pas été publié. Aucune importance : ce qui m'importe, c'est le bonheur de l'écrire. Ma vie m'appartient à moi seul et pas aux politiciens ni à leur télévision.

 
 
 
 

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